Revue de la montre automatique Amfibia Turbina
Introduction sur Vostok et la Turbina
Vostok est une marque mythique de l’horlogerie russe. Fournisseur officiel pendant des années pour le département de la défense de l’Union soviétique, elle est à l’origine de modèle extrêmement robuste et fiable. J’en détaille un peu plus sur l’histoire de la société à travers cet article.
Malheureusement, l’usine fit faillite en 2010 et a donné lieu à de nombreux arrangements juridiques laissant planer le doute sur la pérennité de la marque.
Mais fin 2012, Vostok réapparait sur la toile en présentant une nouvelle collection dont on ignore encore aujourd’hui l’origine exacte.
Quoi qu’il en soit, la société s’est appuyée sur ses modèles phares pour tenter de reconquérir le marché. C’est donc logiquement que l’on retrouve désormais cette « Amfibia Turbina », héritière de la montre de plongée « Amphibia » (la différence d’orthographe est voulue) créée en 1967 pour accompagner les marins russes.
Découverte de la Vostok Amfibia Turbina
J’ai choisi la référence « 236603C » sur la boutique « meranom » pour 195$ frais de port inclus soit 180€.
À sa sortie, ce modèle n’a pas connu un emballement aussi fort que souhaité par ses créateurs. À mon humble avis son prix de distribution de départ un peu élevé (souvent supérieur à 300€) associé à un design très éloigné de son ancêtre, a quelque peu freiné les collectionneurs. Devenue un temps assez rare à trouver, elle réapparait par vague sur les sites spécialisés avec des tarifs plus raisonnables. Il n’en demeure pas moins quelques doutes sur ses origines 100% russes, des rumeurs circulant à propos de participants chinois sur la chaine de fabrication….
Cela ne m’a pas empêché de vouloir me faire mon propre avis et le bilan n’est pas mauvais.
Le boitier
Le boitier en acier inoxydable d’un noir brillant est imposant sans être démesuré avec ses 45 mm de largeur. Son épaisseur de 13 mm est par contre relativement importante, mais les courbes choisies atténuent l’effet masse. Le revêtement PVD, bien que correct comme le polissage associé, me laisse tout de même quelque peu perplexe sur le très long terme.
La lunette rotative parait un peu légère à la manipulation, mais la couleur orange qui l’accompagne est réussie. D’autant que ce coloris s'accorde très bien avec le cadran en carbone.
Le cadran
Impossible de savoir d’ailleurs si ce dernier est vrai ou imité, en tout cas le résultat est là. Le design s’éloigne de la montre de plongée habituellement visée par les "Amfibia" pour rejoindre celui de l’automobile. On est plus dans le style « Fast and Furious » que dans l’univers aquatique de « A la poursuite d’Octobre Rouge ».
Les aiguilles au dessin particulier me semblent par contre inspirées de certains modèles « Amphibia » des années précédentes.
La dénomination « Turbina » peut faire référence au remplacement de la trotteuse par un volant à trois branches battant la seconde située sur le côté gauche supérieur (bien que d’autres références en soient dépourvues). L’idée est originale, et l’esthétique cohérente. Malheureusement, j’ai la sensation étrange que cet organe « orangé » peine à suivre le rythme.
Le mouvement est saccadé, comme ralenti par rapport à une aiguille des secondes classiques. Les montres mécaniques n’offrent pas la même « fluidité » qu’une montre à quartz (du moins pour des modèles standards) mais la glisse est vraiment lente. Ce n’est pas gênant en soit, mais légèrement « perturbant ».
Autre originalité de Vostok, un indicateur jour nuit en deux parties situées à 3H. L’association « Orange/Blanc » accompagne parfaitement le reste du cadran. Par contre, à vous de choisir quelle couleur représente quel moment de la journée...
Le point le plus gênant reste pour moi la couronne un peu trop protubérante.
Elle casse la ligne assez racée de ce modèle. À noter que sa manipulation, même si elle laisse apercevoir quelques petits problèmes d’alésage, ne laisse plus la désagréable sensation de flottement que l’on pouvait retrouver sur les anciens modèles.
Le verre minéral semble robuste et peu sensible au reflet.
Le bracelet
Le bracelet typé caoutchouc est un rigide, mais reste confortable et léger. Il est bien sûr possible de choisir un modèle acier de même couleur que le boitier.
La mécanique de la Turbina
Si certains pensent que les usines chinoises ne sont pas étrangères à certaines pièces qui composent cette « Amfibia », ce n’est pas le cas du calibre choisi.
C’est un « Vostok 2435 » qui fait tourner la mécanique.
Un moteur parfaitement authentique estampillé made in Russia. Épais de 6,3 mm c’est un classique de l’automatique russe. 31 rubis supportant une fréquence de 19800 alternances/heure pour une réserve de marche de 30H ; ce calibre remplit son office correctement et a plutôt bonne réputation. La précision mesurée via toolwatch.io est de +21,9s par jour ce qui reste dans la plage (plutôt large) annoncée par le constructeur : -20s à + 60s
A savoir que les sites marchants référencent un calibre "2432". Je n'ai pas trouvé les différences techniques, mais c'est bien "2435" qui est sérigraphié sur le mouvement.
Pas de fond ouvert, mais vissé pour offrir l’étanchéité des 200m. Rien de grave à ne pas voir la mécanique à l’œuvre, tant la finition est banale. Seule la masselotte est customisée du logo de la marque.
Mon avis sur l'Amfibia Turbina de Vostok
Cette « Amfibia Turbina », à défaut de respecter les classiques de la marque, a su établir de nouveaux codes esthétiques pour Vostok. Résolument moderne et quelque peu tape-à-l’œil, les finitions sont bonnes et l’assemblage très correct. Pour un tarif sous les 200€, le rapport qualité-prix est bien là. Quelques défauts restent présents, mais rien d'handicapant. Reste à savoir si malgré son cœur russe, cette « Amfibia Turbina » arrive à attirer une nouvelle clientèle à défaut de séduire les collectionneurs plus habitués des « Amphibia » première du nom. Me concernant, possédant les deux types dans ma collection, je suis ravi de pouvoir passer de l’un à l’autre fonction de mes envies
La suite des photos (dont celle de nuit) sont ici. Pour la version haute définition c'est par la