Revue de la montre automatique Ventus Mori Diver
Introduction sur la Mori Diver et la marque Ventus
Pour certains, Singapour est le paradis des montres de luxe. On y trouve beaucoup de boutiques dédiées aux marques favorites des collectionneurs. Certaines surfaces de ventes sont impressionnantes et regroupent des milliers de montres neuves comme d’occasions.
La République de Singapour ne fait pas que vendre des montres, elle en fabrique. Ces dernières années ont vu naitre beaucoup d’entreprises locales qui n’ont pas hésité à exploiter les méthodes de financement participatif pour proposer leurs modèles.
Le concept est souvent le même : des montres de qualité à des prix correctes et plus accessibles que les produits suisses. Malheureusement, beaucoup d’idées n’aboutissent pas et certaines marques disparaissent rapidement. On reproche parfois à ces jeunes pousses de l’horlogerie de voir trop grand ou de manquer d’inspiration en copiant des designs à la mode.
« Ventus » a pour l’instant échappée à ce constat et a réussi à lancer sur le marché quelques références qui ont connu un certain succès.
Je me suis laissé tenter par leur dernier modèle, la « Mori » dans sa finition « M-1V ».
Découverte de la Mori Diver de Ventus
Acheté 235€ (auquel j’ai dû ajouter 25€ de frais de douane…) en novembre 2016, je ne l’ai finalement reçu que le 11 avril 2017. C’est le problème de ces micros marques qui imposent des près-commande pour pouvoir espérer lancer leur production. Il y’a donc toujours un risque à voir le projet s’effondrer. Comme beaucoup, « Ventus » propose des réductions de prix pour ceux qui tentent leur chance. Dans mon cas, le prix de vente final était estimé à 300€.
L’attente en valait la peine, la montre est effectivement très bien finie pour cette gamme de prix.
Le boitier
Le boitier de 41mm de diamètre (avec couronne) est en laiton, un matériau proposant un coloris bronze et un aspect cuivré.
Habituellement, le laiton est facile à usiner au détriment d’une certaine fragilité. Mais cette « Mori » inspire confiance lorsqu’on la manipule et semble aussi robuste que n’importe quelles montres en acier inoxydable. Cette sensation est peut-être liée à son épaisseur de 14mm qui impose à la montre des mensurations importantes. Au final c’est plutôt rassurant pour une « plongeuse » annoncée avec une étanchéité de 300m.
Le remontoir est discret, mais reste facilement manipulable. Il ne souffre d’aucun défaut particulier. On y retrouve le logo de la marque qui a le mérite d’être très épuré.
Le cadran
Le cadran est construit selon le principe du « sandwich » puisque les inscriptions ne sont pas peintes, mais découpées dans une première couche qui laisse apparaitre la couleur d’une seconde couche aux endroits voulus. « Panerai » est sans doute l’une des marques les plus connues à utiliser ce système. « Ventus » en reprend le principe sans pour autant copier le design de la manufacture italienne.
Les indications horaires apparaissent donc dans une couleur orange pâle qui tranche avec le noir du cadran, mais rappelle la patine du boitier. Les aiguilles reprennent également cet aspect « bronze », mais avec un contour brillant. Je dois dire que l’ensemble est parfaitement cohérent et affiche un esthétisme soigné au détriment d’une lisibilité un peu faiblarde pour une plongeuse.
D’ailleurs, la date à 15H est très discrète, on pourrait presque passer à côté sans l’apercevoir.
Une fois dans la pénombre, le traitement Superluminova C3 est plutôt efficace avec une lumière fluorescente verte qui tient correctement sur la durée.
Ce que j’apprécie sur ce cadran, c’est l’absence de surplus : pas de rappel de l’étanchéité ou d’indication sur l’automatisme du calibre. Seul le logos de « Ventus » est visible à 12H. C’est suffisant et sobre. L’emblème de la marque en forme de flèche se retrouve surplombé d’un autre triangle pour indiquer midi et si la couronne est alignée, on y ajoute une troisième tête de flèche. Cette symétrie n’est pas là par hasard. Le nom de la montre « Mori » fait référence à un noble Japonais du 16e siècle : Mori Motonari.
Cette personne est associée à une parabole très connue au pays du soleil levant. Il est dit qu’il demanda à ses trois fils de casser une flèche chacun. Action qu’ils ont réalisé sans difficulté. Leur père leur a alors demandé d’essayer de casser trois flèches maintenues ensemble. Aucun n’a pu les casser, Mori Motonari leur a alors expliqué l’importance de rester soudé et de travailler en équipe, sachant que l’on est toujours plus fort à plusieurs. Vous comprenez maintenant la raison du design que « Ventus » a souhaité donner à sa montre avec le rappel de ces « trois flèches ».
La couronne unidirectionnelle à 120 clics est parfaitement ajustée et ne présente aucune fragilité à la manipulation. Très large, elle est typique d’une montre de plongée.
Le verre saphir est légèrement bombé avec malheureusement une très forte disposition aux reflets.
Les bracelets
La montre est livrée avec trois bracelets, deux en silicone et l’un en simili cuir brun.
C’est ce dernier que j’ai choisi, car je trouve qu’il participe à ce look « années 50 » qui transparait dans la montre. La matière est plutôt souple et agréable au toucher. Seul le fermoir, apparemment en laiton, parait un peu fragile.
Le dos de la montre est en acier inoxydable et reprend un coloris gris plus classique. Il est gravé d’un scaphandre dont je ne comprends pas très bien l’intérêt. L’effet 3D et la finition sont réussis, mais je ne vois pas le rapport avec l’inspiration de départ de la montre. Pour moi c’est un peu « trop ».
La mécanique de la Mori Diver
J’aurais sans doute préféré un fond ouvert, même si le calibre japonais retenu par « Ventus », le « Seiko NH35 » n’est pas réputé pour son esthétisme haut de gamme. Mais ce mouvement est extrêmement fiable, robuste et utilisé dans de nombreux modèles de montres. C’est un grand classique de la manufacture japonaise qui offre 41 heures d’autonomie, 24 rubis, un remontage bidirectionnel et 21600 oscillations/heures, sans oublier la date et le stop seconde. J’ai pu mesurer une précision de -5,8s/j, ce qui reste très honorable pour un mouvement automatique.
Mon avis sur la Mori Diver de Ventus
J’avoue avoir quelque peu hésité à la commande de cette « Mori ». « Ventus » est une marque très jeune avec peu d’informations sur ses origines (l’un de ces propriétaires, Elshan, semble toutefois connu du marché horloger). Mais le risque s’est avéré payant, car pour un prix inférieur à 300€ cette montre est très bien construite. Le coloris du laiton me faisait un peu peur, mais le rendu est finalement très agréable. Pour une plongeuse, elle manque de lisibilité et il serait préférable de prendre un modèle blanc sur fond noir pour plus de clarté. Je ne pense d’ailleurs pas que cette "Mori" ai été conçue dans un but premier de plongée sous-marine, mais ces 300m d’étanchéité, sa robustesse apparente et son verre saphir lui permettent d’accompagner votre quotidien sans risque. J’ajoute que le packaging est plutôt généreux avec trois bracelets, un coffret en bois (ne vous attendez pas à un bois de qualité) et une pochette de transport.
Au final, une belle découverte pour moi et je l’espère une grande longévité pour cette Singapourienne a l’inspiration et au cœur japonais.
Désolé pour la qualité de certaines photos, j'ai eu la main lourde sur la compression. Les images d'origines sont disponibles ici.