Revue de la montre automatique RedSea Six Pounder
Introduction sur la marque RedSea et la Six Pounder
A l’abordage ! Souquer les artébuses……la montre présentée ici est issue de l’assembleur Américain « RedSea », une micro entreprise fondée par deux passionnés apparemment fan de « Pirates des Caraïbes ».
La société est tous juste sortie des flots, et leur conquête du marché horloger a débuté voilà deux ans. Elle est basée au Minnesota, en plein Middle West. Les concepteurs s'expliquent sur le choix du nom de leur entreprise sur cette page (en résumé nos camarades Américains sont des chrétiens affirmés, ayant pris connaissance de l'intérêt des plongeurs pour la mer rouge et branchés pirates.)
« RedSea » propose à son catalogue deux modèles de montres de plongée automatique, chacune disposant d’une finition acier ou PVD. Me concernant, j’ai mis le cap sur la « Six Pounder » (version acier) du nom des canons qui équipaient les navires en pleine époque de la piraterie. Soyons clair, cette montre ne trahit pas ses origines : c’est massif, costaud et sans fioriture! Il est coutume de dire que tout est immense aux Etats Unis et ce n’est pas cette plongeuse qui trahira le proverbe.
Découverte de la RedSea Six Pounder
Boitier
La preuve avec l’analyse du boitier : 44mm de diamètre pour 14mm d’épaisseur et un poids non négligeable.
Autant vous dire que si par malheur, vous croiseriez un pickpocket, vous sentiriez tout de suite qu’il manque quelque chose à votre poignet. En contrepartie de ces dimensions que certains jugeront un peu volumineuses, la qualité perçue ne souffre d’aucune critique. L’assemblage est soigné, l’acier inoxydable sélectionné respire la solidité. L’aspect visuel est sobre, le design en droite ligne avec les montres de plongée standards ; et pourtant, cette « Six Pounder » sait se démarquer, avec un coloris métallique très agréable et quelques touches propres à la marque que nous n’allons pas tarder à découvrir.
L’épaisseur du boitier permet l’intégration d’une couronne facile à manipuler et habillement située à 16H plutôt que classiquement à 15H. Cette « Six Pounder » fait partie des montres dites « tronches en biais » (le terme est à mettre au crédit du très bon site "le blog des montres").
Plus qu’une simple originalité esthétique, cette disposition à l’avantage de mieux protéger le remontoir, celui-ci n’étant plus directement exposé de face, lors d’une séance de brasse par exemple.
Le cadran
Vendu par « RedSea » comme une vraie montre de plongée, on retrouve la classique lunette rotative (unidirectionnelle). Là encore, les dimensions sont généreuses et sa manipulation rassure immédiatement sur sa solidité. On pourra juste regretter que les graduations de 0 à 15 ne soient pas plus marquées. Si on cherche la petite bête on peut apercevoir de très près (mais alors de très près) quelques « bavures » sur la flèches d’alignement. Le fond de la montre est d’un noir profond, peu réfléchissant. La disposition des indications est parfaite et reste extrêmement classique. Même le nom du modèle associé à son étanchéité annoncée de 300m n’utilise aucune police de caractère particulière. Seul le nom de la marque, associant avec justesse, le blanc et le rouge vient rehausser l’ensemble. N’y voyez pas ici un défaut, au contraire. Pour moi cette sobriété va de pair avec la robustesse de la montre et sa vocation à vous accompagner dans votre exploration marine. Le seul regret me concernant est l’affichage de la date que l’on retrouve entre 16H et 17H. Le guichet est minuscule et ne permet pas une identification rapide de l’information.
L’œil est beaucoup plus attiré par les aiguilles en deux tons : rouge pour les minutes et orangé pour les heures. Aucuns soucis ici pour la lecture. S’ajoute, un « point » que j’apprécie particulièrement ou plutôt des points devrais-je dire ; il n’est parfois pas très compliqué de rendre une montre différente de ces semblables, et « RedSea » l’illustre parfaitement sur ce modèle par l’ajout sur les aiguilles de cercles blanc. Ce simple détail esthétique permet d’identifier le modèle au premier coup d’œil. C’est plutôt bien vu, même si certains ne seront pas aussi sensibles que moi à ce détail. Le modèle « Holystone » de la marque pourrait alors les intéresser, ce dernier étant dépourvu de cette identité visuelle.
Le bracelet
Passons au bracelet:
Une fois de plus, c’est la qualité qui émane du produit. D’une taille à pouvoir l’enfiler autour de votre cuisse, les petits poignets comme moi devront retirer quelques maillons (et vu la dureté avec laquelle ils sont rentrés, je peux vous dire qu’on fait du costaud chez « RedSea »). Il est très agréable à porter et propose une bonne finition. La fixation à boucle déployante est bien sure de mise mais…..pas que… En effet, la montre est fournie d’origine avec deux autres bracelets ; l’un type caoutchouc et l’autre type Nato. Ceci est assez rare pour le souligner. J’en profite d’ailleurs pour faire un aparté sur le packaging. Cette « Six Pounder » est livrée dans une boite simili cuire, d’excellente facture, pouvant être utilisé par la suite comme un étui de transport. Vous trouverez également une carte de garantie et un courrier signé de la main des créateurs de la marque vous félicitant de votre achat. Ce n’est pas grand-chose mais associé aux deux bracelets supplémentaires, je trouve que le marketing de « RedSea » est particulièrement efficace.
Revenons sur le trésor convoité. Vous ne verrez pas ici la finition du calibre, puisque celui-ci est gardé par un épais fond en acier gravé de l’emblème de la marque : un scaphandrier et deux sabres croisés. Je me serais contenté du nom de l’entreprise…. (Profitons au passage pour signaler que le remontoir présente les mêmes motifs).
La mécanique de la Six Pounder
« RedSea » n’étant pas une manufacture, elle a navigué en terre japonaise pour ramener des mouvements Myota 9015. C’est un choix assumé de la marque de ne pas s’être tourné vers la Suisse et ses calibres ETA, afin de diminuer le coût de la montre. Personnellement je ne regrette pas cette décision. Le 9015 est un calibre récent présenté en 2009, introduisant le stop seconde (les mauvaises langues diront que ça existe depuis fort longtemps à la concurrence) et un remontage bi directionnel. Avec une oscillation de 28800 vibrations par heures, 24 rubis, une précision annoncé entre -10s et + 30s par jour et une réserve de marche supérieur à 42H, ce calibre rempli très bien ses fonctions. Personnellement, je n’ai pas à m’en plaindre et il reste très précis. Les aficionados de la tenue d’homme grenouille pourront regretter qu’apparemment ce calibre n’est pas respectueux de la norme ISO6425, définissant des critères d’étanchéité pour les montres de plongée. Personnellement, je n’ai aucune crainte à ce que cette montre m’accompagne dans mes chasses au trésor sur l’ile de la piscine municipale…
Pour ceux qui souhaiterait en savoir davantage sur ce calibre, les caractéristiques détaillées sont consultables ici.
Incluons maintenant un détail supplémentaire dont je n’ai pas l’habitude de parler : la visibilité de nuit. J’entends par là, le système choisi pour rendre les aiguilles luminescentes dans le noir et pouvoir donc lire l’heure, même sans luminosité. « RedSea » s’est adressé à son compatriote « LUM-TEC » pour disposer de sa technologie « MDV » Maximum Darkness Visibility ou Visibilité maximale dans l’obscurité. Grosso modo, là où certains utilisent une seule couche de Super Luminova (un composant qui grâce à la lumière emmagasiné le jour, devient réfléchissant la nuit), LUM-TEC en dispose 6 à 8 épaisseurs ajoutant quelques composants maisons. Le résultat est visible sur la photo ci-dessous.
L’effet luminescent est plus marqué (à voir sur le long terme) et le ton bleu change des classiques couleurs vertes ou jaunes fluo. Pour moi suffisamment originale pour en parler.
Payé 720$ soit 545€, je ne regrette pas cette achat, ce prix inclus frais de port et taxe douanière, la montre étant vendu à 695$ soit 526€ (une offre promotionnelle était à un moment disponible à 595$ : je l’ai loupé….). Je n’hésite pas à la comparer à une Tissot SeaStar 1000 qui débute à 595€ (et pour laquelle je finirais bien un jour par craquer), car pour moi la qualité me semble identique et les prestations proposées très proche mais avec une approche esthétique différente.
« RedSea » est souvent associé sur les rares forums qui l’évoquent, à « un emboiteur Myota de plus » et je trouve cela dommage. Car cette « six pounder » disposent d’argument en sa faveur, comme d’une très bonne qualité de fabrication, un design certes sobre mais non dépourvu d’identités visuelles, une technologie MDV convaincante et un calibre moderne. Sans oublier un packaging généreux.
Même si l’argument devenu habituelle de l’édition limitée, (75 exemplaires) n’est pas le meilleur, je ne risque pas de croiser une « Six Pounder » tous les deux jours et je suis plutôt content d’avoir dans ma collection une petite (mais plutôt massive) originalité américaine. Personnellement je ne pourrais que lui reprocher un affichage de la date un peu trop minimaliste, un petit manque de couleur sur la lunette et un logo un peu trop « capitaine crochet » au dos de la montre (et sur le remontoir).
Certains préféreront surement investir pour ce prix dans une plongeuse « Seiko » à la réputation confirmée, une Tissot à l’origine plus rassurantes, ou à une Sinn pour sa "Deutsch Quality" (à un autre tarif aussi) mais quoiqu’il en soit cette automatique est loin d’être inatéressante et son originalité bien présente. Je souhaite vraiment à « RedSea » de poursuivre son parcours et d’étoffer encore d’avantage son catalogue.
La petite vue tournante pour finir, sans oublier d'autres photos disponibles dans la rubrique galerie (version d'origine téléchargeable ici).