Revue de la montre mécanique Poljot NOS
Introduction sur les modèles NOS de Poljot
La passion l’emporte souvent sur la raison, et ce n’est pas toujours pour le meilleur… « Poljot » est une marque mythique de l’horlogerie russe. Disparue des vitrines depuis plusieurs années maintenant, les modèles trouvables sur Internet sont tous, normalement, des produits antérieurs à 2004.
Mais le marketing ne se laisse jamais faire très longtemps, et même lorsque personne n’a officiellement le droit de vendre des montres neuves sous le nom de « Poljot », il dégaine une arme de choix pour attirer les collectionneurs : les NOS pour « New Old Stock ».
L’astuce consiste à récupérer par divers moyens des anciens stocks d’invendus d’une marque en fin d’activité puis de les revendre dans une belle boite flambant neuve. Parfois, le vendeur ne dispose que des pièces détachées qu’il réassemble, remplaçant parfois quelques manques par de nouveaux éléments à bas cout et adaptés à la va-vite.
Je suis moi-même tombé dans ce piège tendu par le site en ligne « russia2all.com » sur lequel j’ai pourtant commandé plusieurs fois sans jamais avoir de problème. J’ai donc acheté non pas une, mais deux « Poljot New Old Stock » pour 273€ pièce. L’une que j’ai offerte à mon père et l’autre que j’ai gardé pour moi et dont je vais vous faire la revue.
Autant vous le dire, la déception a été grande lorsque j’ai reçu ma commande.
Découverte d'une "NOS" de Poljot
Le boitier
La montre normalement décrite sur le site « comme neuve » est en fait relativement abimée. D’un diamètre de 38 mm pour une épaisseur de 18 mm, le boitier présente des signes de corrosion et le métal utilisé est vraiment bas de gamme.
C’est dommage, car la forme de la montre est réussie et très représentative des formes vintage.
La couronne montre des éclats peu rassurant sur l’état du revêtement. Néanmoins, elle présente des dimensions discrètes tout en étant facilement manipulable.
Le cadran
Le cadran d’un fond noir uni est sympathique au regard, mais l’usure des marqueurs achève le rendu final. Ce ne sont pas les aiguilles qui améliorent le rendu malgré leur forme réussie et leur très bonne intégration au design général. Elles montrent également des traces d’oxydation peu reluisantes à voir de près.
La marque « Poljot » est classiquement positionnée à 12H dans une police de caractère spécifique. C’est l’une des raisons principales de ce type d’achat : revoir un sigle devenu mythique sur un modèle étincelant…mais c’est cher payé pour ce genre de détail.
La date est affichée à 15H et semble miraculeusement en bon état avec une bonne lisibilité.
Le reste des inscriptions est très sobre « 17 jewels » pour le nombre de rubis et le « Made in USSR » (pour Union of Soviet Socialist Republics) censés rassurer sur la provenance de la montre et sur sa date de conception.
Le verre de protection est de type en acrylique, typique des montres d’époque.
Les bracelets
La « relique » est fournie avec deux bracelets qui n’ont, je pense, rien à voir avec d'anciens stocks, mais avec des fabrications récentes commandées pour l’occasion. Qu’il s’agisse du bracelet métal ou cuir, ils sont de relative bonne facture et confortable.
La mécanique de la NOS
Le calibre semble par contre d’origine. Il s’agit d’un 2614, l’un des premiers calibres commercialisés sous l’appellation « Poljot ». Il est à remontage manuel avec date et 17 rubis. Comme on peut le voir sur la photo, le suffixe « 2H » indique que c’est une seconde révision du mouvement. Oscillant à 21600 A/h et offrant une réserve de marche de 42H, il est réputé pour sa robustesse, moins pour sa précision (-20s à +40s / jours).
Noter également la présence du poinçon en forme de couronne propre au mouvement de « Poljot ».
Au niveau des finitions, on est sur la fin des produits de la société dans les années 2000 ou la qualité générale avait diminué même si la raison d’être de ce 2614 n’était absolument pas de faire joli. En résumé, c’est une vision très « brute » que l’on peut découvrir en enlevant le fond éclipsé.
Mon avis sur un modèle NOS de Poljot
Présentée comme une exclusivité du site « russia2all.com » cette « Poljot NOS » était censée offrir le charme de l’ancien avec l’état du neuf. Il est évident que le contrat n’est pas rempli, et la pseudo limite de 35 exemplaires fournit avec un coffret bois (marqué « Poljot » sur le dessus et « Buran » à l’intérieur…) n’avait rien d’une bonne affaire. Une belle déception pour moi, malgré le charme indéniable de cette « Poljot » d’époque. Toujours en vente à 235€ à la date d’écriture de cet article, le tarif est clairement trop élevé en rapport de la qualité du produit reçu. Et pour ceux qui penseraient que je suis tombé sur un mauvais numéro, sachez que celle que j’ai offerte à mon père a perdu son aiguille des heures dès les premières secondes de manipulation…
Bref, le résultat final est bien loin des clichés du site de vente, et il vaut mieux chercher une vraie « Poljot » via des sites spécialisés et d’occasion. On risque fort de trouver mieux pour moins cher, sous condition d’être très prudent sur les origines des montres.
De mon côté, j’ai bien retenu la leçon et tacherait de calmer mes achats impulsifs !
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