Histoire de la marque horlogère Kelton
Origine de la marque Kelton
Si Swatch ou IceWatch évoquent aujourd’hui des produits plutôt bon marché et accessible, d’autres ont poussé le principe de la montre « consommable » beaucoup plus loin. Avec « Kelton » on peut presque parler de montre « jetable ». Cette marque a en effet révolutionné le marché dans les années 70 en proposant des produits à des tarifs extrêmement bas, mais jugés irréparables en cas de panne.
Le slogan « Changez de vêtements, changez de Kelton » accompagnait parfaitement ces montres aux multiples design et trouvables non pas en bijouterie, mais dans les bureaux de tabac.
Avant de me lancer dans l’histoire de la marque, je tiens à préciser que cet article a été rédigé en grande partie grâce aux articles du blog « http://vivreauxchaprais.canalblog.com »
L’origine de « Kelton » remonte à 1946, ou Stéphane Boullier, un fabricant de montre de Besançon et propriétaire de la marque VIXA décide de tenter sa chance aux États-Unis. Il débute une mission économique afin de promouvoir son activité et le savoir-faire horloger de sa région pour de trouver des investisseurs. L’homme est connu pour son énergie et ne va pas solliciter n’importe qui. Il part à la rencontre des dirigeants de « Timex », l’un des plus gros fabricants de montres des États-Unis de l’époque..
Le géant de l’industrie horlogère est séduit par la fabrication de montres sur le sol français et se sent prêt à concevoir une partie de sa production à Besançon. Mais il ne veut pas prendre le risque de salir son image de marque en cas d’échec et souhaite vendre sous une autre entité sa délocalisation française.
La rumeur veut que le nom de la marque provienne de la réponse du français aux Américains sur le nom de l’hôtel qu’il avait retenu pour sa visite « le ELTON » (prononciation à la française). Timex décide alors que toutes les montres fabriquées sur le sol français porteraient le nom « Kelton ».
Le début de la production
La production démarre lentement en 1955 avec tout d’abord un atelier d’assemblage et des pièces en grande partie envoyées d’Écosse.
La qualité est médiocre, mais le prix bas séduit les consommateurs permettant d’augmenter la demande. Les distributeurs horlogers ne veulent cependant pas vendre des montres bon marché et souhaitent conserver l’image haut de gamme de l’horlogerie bisontine.
L’arrivée de l’ancien directeur de Bic au sein de la société va permettre d’exploiter d’autres réseaux de distribution moins retissant à la vente de produits « low cost ». C’est notamment le cas des bureaux de tabac et des papeteries.
Les années fastes
« Timex » finit par prendre totalement le contrôle de l’entreprise et laisser la société française fabriquer les pièces détachées sur place.
La qualité s’améliore grâce à l’arrivée de nouveaux horlogers et la production augmente avec la construction d’une usine en 1961 qui remplace l’atelier d’assemblage du début.
De 1965 à 1977, l’usine s’agrandit pour atteindre 44 000 m2. L’intégralité des montres est désormais fabriquée à Besançon. Ceci permet l’embauche de nombreuses personnes et la marque écoule plus de 3 900 000 unités dès 1972.
Les mouvements mécaniques produits présentent l’originalité d’être riveté donc difficilement démontable, mais simple et rapide à produire.
Kelton est alors un véritable monstre industriel avec plus de 2500 personnes donc l’entreprise met à disposition une ligne de 39 bus pour faciliter leur transport.
De nombreuses stars de l’époque rendent visite à l’entreprise, comme Sylvie Vartan qui prête son nom à une collection complète de montres.
« Kelton » s’associe à de grands évènements. On retrouve la marque française lors du bicentenaire de l’indépendance des États-Unis avec la participation à la rénovation de la flamme de la statue de la Liberté.
1980 voit l’entrée de la concurrence asiatique et la folie du Quartz.
Le début des problèmes
« Kelton » supporte difficilement ces nouveaux challenges et tente d’étendre son activité par l’intégration de sous-traitance électronique pour Sinclair, un fabricant d’ordinateurs.
L’activité horlogère est peu à peu remplacée par d’autres secteurs d’activité jugés plus rentables comme le développement de pellicule couleur.
À partir de 1985 les plans de licenciement se succèdent. La marque finit par stopper toute production de montres en 1987.
Kelton reste cependant à la propriété de Timex jusqu’à qu’un entrepreneur français Bernard Grégoire, président de « Goldy les Montres » conclu un accord avec l’entreprise américaine pour distribuer à nouveau des montres sérigraphiées « Kelton »
24 000 montres issues d’une nouvelle collection sont vendues en octobre 1999.
L’image de la marque est revue avec la volonté d’améliorer la qualité perçue et d’augmenter les prix avec des tarifs s’étalant entre 350 et 700 francs (entre 53 et 107€). Un nouveau slogan fait son apparition "Avec Kelton, on ne vend pas l’heure. On vend un accessoire de mode"
Malheureusement, les 200 000 exemplaires prévus à la vente pour 2001 s’écoulent à 54 000 pièces seulement.
En 2005, l’entreprise ne compte plus que 200 personnes. Ce nombre diminue encor avec une délocalisation d’une partie de la production vers la chine.
La franchise « Goldy Les montres » disparait en 2006, rachetée par Europaquartz, filiale du groupe Galerie Lafayette.
Kelton aujourd'hui
« Kelton » disparait des écrans radars…et finit dans le giron d’un propriétaire asiatique…jusqu’en 2016 ou la société « AS Conseil » basée à Boulogne-Billancourt récupère les droits de l’ancienne gloire française..
Toute la production est réalisée à Hongkong et un nouveau catalogue apparait sur internet. UPDATE du 07/10/2018 : j'ai été contacté par la société "AS Conseil" pour m'indiquer que la dernière collection est assemblée en France. On trouve d'ailleurs cette précision sur le site internet de la marque.
Le slogan d’époque est repris avec des montres allant de 59€ à 129€. Toutes sont équipées de mouvement Quartz Japonnais.
Seul l’avenir nous dira si « Kelton » sera toujours présent dans les prochaines années.
Ce qui peut paraitre ironique c’est que l’usine révolutionnaire de l’époque construite en France par les Américains pour les besoins de la marque est toujours debout, mais à la propriété de « Fralsen » (sous contrôle de Timex). Le bâtiment n’est plus exploité, mais a servi jusqu’en 2011 à l’élaboration de pièces d’horlogerie.
Jusqu’à 5 millions de montres estampillées Kelton et made in France sont sorties dans les années 70 de la capitale horlogère française de l’époque. Les temps ont bien changé, mais « Kelton » aura su imposer son style et restera encor pour beaucoup la « swatch frenchie ».
Sources :
http://www.chaprais.info/2016/12/qui-se-souvient-des-montres-vixa/
http://www.estrepublicain.fr/doubs/2013/08/26/ce-gars-c-etait-un-bulldozer
http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-mon-epoque/la-montre-kelton-est-de-retour_1781773.html
http://www.kelton.fr/histoire-_l_FR_r_12.html
http://vivreauxchaprais.canalblog.com/archives/2015/05/30/32098200.html