Revue de la montre mécanique "Volmax" Poljot OKEAH
Introduction sur Poljot, Volmax et l'OKEAH
Certaines montres possèdent un fort pouvoir attractif auprès d’une catégorie de collectionneur, au point que ces derniers encouragent les fabriquant à remettre sur le marché un modèle disparu. La poljot « OKEAH » fait partie des montres chargées d’histoire, dont le design et la renommée provoque l’élaboration de nombreuses variantes plus ou moins réussies. Parfois dans des quantités soit disant limitées.
Dans les année 70, la marque russe Poljot décroche une commande de la part de la marine soviétique pour la réalisation d’un chronographe destiné à équiper ses officiers. Baptisé « OKEAH » signifiant « OCEAN » en cyrillique, elle n’est disponible que pour le personnel militaire. Elle passera de l’univers marin à l’espace, puisqu’elle accompagnera en 1976, le cosmonaute « Rozhdestvensky » lors de la mission Soyuz-23, tristement célèbre pour avoir failli entrainer la mort de son équipage, heureusement sauvé après s’être craché dans un lac gelé. « L’OKEAH » s’est trouvée au bras d’autres explorateurs de l’espace et a fini par acquérir une réputation de fiabilité et de robustesse. Malheureusement, sa production a fini par être arrêtée avec la chute de son fabriquant.
En 2006, l’entreprise Volmax, actuel propriétaire des droits de feu « Poljot » a eut la bonne idée de la rééditer presque à l’identique. Les stocks s’épuisèrent très rapidement, et « l’OKEAH » est devenue un modèle phare pour tous collectionneurs de montres russes.
En 2011, des passionnés du forum espagnol HDR rentrèrent en contact avec Volmax pour lancer une ultime édition, cette fois ci identique à « l’OKEAH » d’origine. Limitée à 300 pièces, et vendue 384€, les exemplaires ont été écoulés aussi vite qu’ils ont été produits. Dès lors s’est installé tout un commerce d’OKEAH « alternative », affichant des designs quelques peu modifiés ou modernisés. L’Ukraine s’est particulièrement illustrée sur ce marché, proposant sur de multiples sites d’enchères des pièces détachées ou des modèles complets dont on ignore encore l’origine (sans doute des sous-traitants ayant sentis le bon filon). Vendu souvent autour des 600$, ces « OKEAH » n’ont plus grand-chose à voir avec leur ancêtre mais peuvent toutefois bénéficier d’une finition plutôt sympathique.
Découverte de la OKEAH
C’est une de ces montres que j’ai acheté.
Ignorant les détails précédemment cités, j’ai cru faire une bonne affaire en ramenant le prix à 399$. C’est sans compter sur les avis d’expert du forum http://www.montres-russes.org/ (que je remercie) qui suite à une demande de ma part, m’ont rapidement ramené à la réalité pour m’annoncer la vérité sur cette « fausse » « OKEAH ».
Le boitier et le cadran
Après la déception, l’espoir a fini par revenir, car l’esthétique de la montre, bien que différent de l’original, a fini par me séduire.
On prête à « l’OKEAH » des origines allemandes, les russes ayant trouvé leur source d’inspiration sur le modèle « Dugena Chronograph » paru dans les mêmes années. Qu’importe, ce cadrant mêlant la couleur acier et le bleu marin donne un rendu parfaitement cohérent. L’effet métallique, propre aux « OKEAH » d’aujourd’hui apporte une modernité que certains pourront regretter mais qui s’inscrit davantage dans les modes actuelles.
La forme massive des aiguilles des heures et minutes tranchent avec la finesse de l’aiguille rouge du chronographe. Sans forcément faire preuves d’une grande originalité, la trotteuse défilent dans le cadran gauche, tandis que les minutes du chronographe profitent du cadran droit. Cette dernière souffre d’ailleurs d’un défaut d’alignement, et la remise à zéro est plutôt aléatoire. Ce défaut se retrouve également sur l’aiguille des secondes (du chronographe) mais moins prononcé. Un passage chez un horloger qualifié pourrait sans doute corriger ces petits soucis.
La date, suffisamment lisible est donnée à 18H. Pas de référence à « Poljot », le nom de la marque n’ayant pas été acquis par Volmax en même temps que les machines-outils, seul le nom du modèle « OKEAH » est affiché.
La lunette incluse sous le verre acrylique est manipulable via le bouton situé à 9H, permettant ainsi le suivi d’un second fuseau horaire. Le contour du cadran possède également un tachymètre, nuancé de rouge, et souvent important pour une montre militaire. A noter qu’en absence de lumière, l’effet luminescent est quasi inexistant malgré les marqueurs mis en place.
Le boitier de 38mm de largeur pour 12mm d’épaisseur est semble t’il en acier inox, et plutôt correct. Le polissage rustre mélangé à un polissage chromé, notamment sur les boutons du chronographe est réussi.
La couronne reste facilement manipulable sans pour autant être surdimensionnée.
Le bracelet
J’étais plutôt réticent au bracelet cotte de maille, mais je dois avouer que celui-ci s’accorde plutôt bien avec cette « OKEAH ». Etrangement celui-ci porte la marque « POLJOT » en russe, j’ignore s’il s’agit d’une pièce d’origine rapportée ou d’une copie, mais sa finition est bonne.
Seule le système d’accroche reste peu pratique et quelque peu sensible. Mais il a l’avantage de permettre un ajustement parfait à votre poignet.
Le calibre de l'OKEAH
Le dos de la montre trahit les origines douteuses de cette montre mécanique ; aucune inscription ni renseignement anonymise totalement cette « OKEAH ». Heureusement, il se laisse manipuler pour laisser place au calibre 3133.
Poljot ayant acquis à l’origine des outils suisses pour la production de chronographe, ce mouvement n’est ni plus ni moins qu’un Valjoux 7734 remaquillé. A la différence de ce dernier, il n’a jamais évolué et se retrouve encore aujourd’hui « dans son jus ».
Heureusement pour moi, mon « OKEAH » est équipée d’un calibre authentique et parfaitement fonctionnel. A remontage manuel, il offre dans les 37H d’autonomie, une oscillation de 21600, une fonction chronographe via un système à came, la date et une précision mesurée via le site https://toolwatch.io/ de -17,3s par jour. La finition est ici brute et authentique. Un parfait petit moteur encore produit aujourd’hui par Maktime, la branche mouvement de Volmax, et emboité dans de nombreuses productions.
Mon avis sur l'OKEAH de Volmax façon "Poljot"
D’abord déçu de mon achat et regrettant mon empressement à acquérir cette « OKEAH » aux origines trouble, j’avoues être aujourd’hui plutôt content de porter ce petit chronographe. Certes il a perdu en authenticité ce qu’il a gagné en modernité, mais son calibre 3133 associé à un design tout de même hérité de l’OKEAH d’origine, lui a permis de trouver sa place dans ma collection.
La finition sans être formidable est tous de même plus que correcte. Mais celons-moi, les modèles équivalent trouvable sur Internet ne valent par les sommes importantes souvent demandées. Même à 399$, l’affaire sans être mauvaise n’est pas formidable non plus. N’étant ni une originale ni une réédition officielle, la facture est tout de même un peu salée. Mais c’est peut-être le montant à payer pour porter une « OKEAH », même Ukrainienne…comme on dit la passion n’a pas de prix
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